Coralie un engagement joyeux auprès des personnes en fin de vie qu’elle visite
Pourquoi as-tu rejoint Visitatio – Voisins & Soins ?
J’ai rejoint l’association pour plusieurs raisons qui résonnent profondément avec mon histoire personnelle et mes valeurs. Mes grands-parents étaient bretons, originaires de Rennes et de Nantes, et bien que j’aie toujours eu un lien fort avec ma famille, je n’ai malheureusement pas pu être présente auprès d’eux autant que je l’aurais souhaité. Cette distance a toujours été une source de frustration pour moi.
Ensuite, j’ai toujours eu un lien social très développé, et cela s’est reflété dans les relations avec mes voisins âgés. J’ai toujours pris plaisir à leur rendre service, à les aider dans leur quotidien.
Rejoindre Visitatio – Voisins & Soins représentait donc une opportunité de m’investir davantage auprès des autres. Depuis que je suis engagée dans cette association (en 2017), je ressens une vraie joie à prendre soin des personnes malades ou en fin de vie, à soutenir leurs proches.
Quel est ton rôle au sein de l’association ?
Je suis avant tout bénévole d’accompagnement, une mission qui me touche profondément sur le plan humain. Chaque visite est une rencontre, une rencontre mutuelle où je sens que j’apporte du réconfort, tout en recevant moi-même beaucoup en retour. Les liens que nous tissons avec les familles sont aussi uniques et précieux.
Je suis également référente de l’équipe de Colombes, ce qui implique notamment de participer à des réunions régulières avec les soignants et la coordinatrice de l’antenne. Ces réunions hebdomadaires sont importantes car c’est à ce moment-là que nous discutons de l’inclusion de nouvelles personnes à accompagner. La décision est en effet collégiale : elle ne se prend jamais de manière isolée mais de manière collective, en tenant compte des avis de chacun. Quand j’étais jeune, je voulais être médecin ou infirmière. J’ai finalement choisi une autre voie. C’est pourquoi j’apprécie particulièrement ces moments où je peux discuter avec les soignants. Cela me permet d’enrichir mes connaissances médicales et de nourrir mon intérêt pour ce domaine. Cela me donne encore plus envie de m’investir dans l’association.
A quoi fais-tu appel quand tu rends visite aux personnes que vous accompagnez ?
Lorsque je visite les personnes, j’aime apporter ma joie et ma bonne humeur. J’ai souvent fait équipe avec Jean, et notre binôme était toujours très bien accueilli. On nous disait souvent : « Vous êtes la joie de vivre tous les deux. Vous riez tout le temps ! Vous êtes notre rayon de soleil. »
L’écoute est également essentielle : les personnes que nous accompagnons ont besoin de se confier, de partager ce qui les préoccupe, parfois même des choses qu’elles n’osent pas dire ailleurs. Nous leur offrons alors notre présence attentive.
J’ai aussi une affinité particulière pour les visites en silence, quand les personnes que nous visitons ne peuvent pas ou plus parler. L’absence de paroles ne me dérange pas du tout. Au contraire, je trouve que cela permet souvent d’exprimer beaucoup de choses. C’est un moment calme que j’apprécie, car dans nos vies, nous n’avons pas souvent l’occasion de profiter de tels instants de tranquillité. Pendant ces moments, je suis pleinement présente avec la personne, je la regarde. On sent que la personne sait que nous sommes là pour elle. Des signes subtils se manifestent toujours : je prends leur main par exemple, et je sens souvent une légère pression qui en témoigne.
Peux-tu nous parler du rôle de l’association auprès des proches-aidants pendant les visites ?
Le rôle de Visitatio – Voisins & Soins est auprès des proches-aidants est très important, même si les premières visites ne sont pas toujours évidentes. Parfois, les proches peuvent se poser des questions sur la nécessité de notre présence et se sentir déstabilisés dans leur rôle d’aidant. Ils peuvent ressentir de la culpabilité en pensant qu’ils ne font pas suffisamment bien les choses. Ils peuvent même avoir du mal à admettre qu’ils ont besoin d’aide.
Mais ces premières appréhensions s’effacent assez vite après les premières visites. Je me souviens notamment d’une femme dont l’ex-mari était atteint d’un cancer. Malgré leur séparation, elle restait à ses côtés pour le soutenir dans la maladie. Au début de l’accompagnement, elle disait qu’elle n’avait besoin de personne. Mais après notre première visite, et en voyant à quel point cela faisait du bien à son ex-mari, elle a fondu en larmes et nous a demandés de revenir. Cette expérience a créé des liens très forts entre nous, et je suis restée en contact avec elle depuis. Cela montre à quel point notre présence et notre soutien peuvent être essentiels pour les proches-aidants dans des moments difficiles comme celui-ci.
Peux-tu nous parler d’un accompagnement particulièrement marquant pour toi ?
J’avais souvent entendu dire que les personnes en fin de vie semblaient attendre une sorte d’autorisation de leurs proches pour partir… Et j’ai réellement été témoin de cette affirmation il y a quelques temps.
Notre équipe accompagnait un homme en fin de vie. Son ami, qui était effondré et perdu, se confiait beaucoup à moi. Un jour, au cours d’une visite, j’ai senti que le moment était peut-être venu d’aborder ce sujet délicat. Je lui ai alors suggéré de donner à son conjoint la permission de partir, en lui disant qu’il était prêt à lui dire au revoir…. ce qu’il a fait. Et cette nuit-là, son conjoint est parti.